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mardi 28 août 2012

Les Oiseaux de Braque, Variations en mode mineur.


2 Oiseaux sur fond bleu.

En cette fin d'été, un petit tour au Louvre, à Paris, s'impose, pour admirer les Oiseaux du plafond de la salle Henri II peint par Georges Braque (1882 - 1963).

Commandé par le secrétaire d'état aux Beaux-Arts de l'époque, André Cornu, ce plafond de la salle des vases et objets étrusques (salle Henri II) du musée du Louvre a été inauguré en 1953, en présence de l'artiste. Ce qui faisait dire à certains que Braque aura été le premier artiste exposé au Louvre de son vivant...

Les oiseaux de Braque, noirs sur fond bleu, cernés de blanc, viennent donc remplir les trois compartiments du plafond d'origine de l'ancienne antichambre du roi, réalisés en 1557 par le menuisier Scibec de Carpi.

Plafond de la salle du Trône. Louvre.

Pour réaliser ce plafond, Georges Braque s'inspire du thème de l'oiseau. Il peint son sujet à sa manière, inspirée par la nature, mais peu figurative. Les oiseaux semblent voler, comme mis en mouvement par l'artiste. Braque voulait représenter l'espace. Il voulait aussi s'affranchir de la réalité, même s'il s'en inspirait. Car pour Georges Braque : "Écrire n'est pas décrire, peindre n'est pas dépeindre, la vraisemblance n'est que trompe-l’œil". 

Mosaïque : Deux oiseaux.


Une copie de cette œuvre se trouve dans la salle Braque du musée, avec ses nombreuses lithographies. Il s'agit d'une mosaïque intitulée "Étude pour le plafond de la salle Étrusque".


C'est vers la fin de sa vie que le thème des oiseaux colorés et très schématisés apparaît dans l’œuvre de Braque. Les premiers volatiles ne sont que de simples esquisses dans la série de toiles les "Ateliers" réalisées entre 1949 et 1956. Huit toiles à peine figuratives, au thème sombre, qui regroupent tous les souvenirs de l’artiste.

Source : Un sogno italiano.



Finalement les oiseaux finissent par s'imposer dans l’œuvre du peintre vieillissant. Braque y restera fidèle jusqu'à sa mort. Ils symbolisent la paix et la sérénité, mais aussi le rêve et l'évasion. Ils semblent voler, comme s'ils étaient en mouvement.  Un mouvement que l'on retrouve dans cet "Oiseau et son ombre" de 1959, mais aussi dans "Le Messager".



Ils sont le plus souvent peints  dans des camaïeux de bleu, de blanc et de noir, mais certains oiseaux sont aussi très colorés. Ils peuvent être cernés par de larges contours blancs, ou bien seulement esquissés. Ils sont généralement peints avec de grandes taches de couleur posées en aplat.

L'oiseau et son Ombre. Sources : Textes et prétextes.
Georges Braque a commencé sa carrière dans le style impressionniste, avant d'être tenté par le fauvisme. Sa rencontre avec Picasso en 1907 lui permet d'évoluer vers le cubisme. Les deux artistes travailleront ensemble pendant un temps. Mais en 1925, Braque revient à une peinture plus classique et se lance dans les natures mortes. Viendront ensuite les "Ateliers" puis les oiseaux. Oiseaux qui veillent désormais aussi sur sa tombe au cimetière de Varengeville-sur-Mer en Normandie.


Les oiseaux bleu. Source : ac-nancy.
Aux oiseaux de Braque, son contemporain Jacques Prévert (1900 - 1977) répond par une magnifique poésie sur l'oiseau intitulée :

"Pour faire le portrait d'un oiseau" :
Prévert imagine l'artiste peignant son oiseau, et lui recommande de :
"Peindre d'abord une cage
Avec une porte ouverte".
Puis le poète continue : "Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d'utile pour l'oiseau...."

Et pour finir (...) :

"Fermer doucement la porte avec le pinceau
Puis, 
Effacer un à un tous les barreaux...."
"Pélias et Nélée" (l'Astre et l'Oiseau) d'après Braque.

"Zétès et Calaïs" (Boréades) d'après Braque














"L'Oiseau de feu" ou le Phénix vu par Braque.
Sur la toute fin de sa vie, Braque a aussi travaillé aux "Métamorphoses" une série de 113 gouaches du peintre transposées en sculptures en trois dimensions par des sculpteurs dont Landowski ou en bijoux par le joaillier Heger de Lowenfeld. Ces "Métamorphoses" ont pour thème des dieux et des déesses de la mythologie antique. On y retrouve bien le style de Braque, dans une collaboration fructueuse entre artistes de divers spécialités. Braque a enfin réussi son pari "Libérer l'oiseau, symbole de l'espace et du temps".

"Le Messager" de Braque. Timbre France 1961.


Braque et Saint John Perse ont aussi collaboré étroitement sur ce thème de l'oiseau. Aux gouaches du peintre répondent les vers du poème "Oiseaux" du poète (1962). Une collaboration forte, voulue et réciproque, bien qu'ils s'en défendent tous deux.




Lithographie de Georges Braque.



Durant toute sa vie Braque a dessiné et noté ses réflexions sur des carnets de croquis. Ils nous a laissé ainsi quelques bribes de sa pensée comme cette lithographie reprenant ses sentiments sur l'art "Avec l'âge, l'art et la vie ne font qu'un".
En 1917 Reverdy publie les "Pensées et réflexions sur la peinture" de son ami très cher, Georges Braque, dans sa revue Nord-Sud. C'est un peu la matrice du "Cahier" de Braque qui sera publié en 1947. "J'aime la règle qui corrige l'émotion" disait Braque sur la peinture et sur sa poésie.

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